
Rouges du sang des Draneis étaient les champs qu'ils avaient cultivés depuis cinq mille ans. Apre était l'odeur dégagée par les corps de leurs jeunes guerriers brûlés vifs sur les feux de joie célébrant notre victoire.
Ainsi mourut le peuple Dranei qui finalement avait toujours fait preuve de faiblesse. Il ne méritait guère l'application que nous avions mise à l'exterminer. L'aisance avec laquelle nous avions remporté cette victoire éclatante ne faisait qu'accentuer leur infériorité...

Moi, Gul'dan, maître de tous les Sorciers et Initiateur du septième cercle du Conseil des ombres, connaits mieux que quiconque le sombre et ardent désir que peut inspirer le pouvoir, le pouvoir absolu.
Les Chamans de mon clan m'enseignèrent dès le plus jeune âge les arcanes de la magie des orcs. Je canalisais les froides et maléfiques énergies de l'Enfer sinueux avec aisance et naturel. Mes dons me valurent rapidement d'être remarqué par les autres Chamans. Très vite je compris que Ner'zhul lui-même, le plus puissant de mes maîtres enviait mes pouvoirs qui ne cessaient de s'affirmer. Mes ambitions surpassaient celles de mes pairs aussi bien que celles de mes maîtres, car je n'ignorais pas que leur champ de vision était limité par le dévouement qu'ils portaient à la Horde et à son avenir. Je n'avais que faire pour ma part des mesquines querelles des orcs. Je n'avais que faire de ce monde que nous dominions entièrement. La seule chose qui m'importait était d'appréhender les mystères insondables des Ténèbres de l'au-delà. J'avais déjà en secret entrepris d'explorer des énergies dont mes précepteurs ne soupçonnaient pas même l'existence.

Je pus enfin parler à la mort...
La religion des orcs est depuis toujours fondée sur le culte des ancêtres. Alors que tous les orcs de la Horde étaient persuadés que leurs aînés veillaient sur eux et les guidaient depuis les profondeurs d'un royaume de l'au-delà, je tenais pour ma part ces croyances pour des légendes sans fondement réel. Je découvris en pénétrant l'Enfer sinueux que l'esprit des morts continue en effet son voyage, et vagabonde, flottant aux vents des astres de l'entre-deux mondes. Je constatai que les esprits continuaient après leur mort d'observer leur clan en silence, dans l'espoir de trouver un jour une échappatoire à leurs tourments éternels. Je compris alors que ces esprits pourraient être utiles à celui qui saurait leur imposer sa volonté. Les années passèrent. Kil'jaeden avait fait de moi le plus puissant des Sorciers que les clans aient vu depuis des générations. J'étais un chef très respecté au sein de la Horde, mais comme toujours, de fortes tensions opposaient les clans. Les Dranei anéantis, les fous de guerre n'avaient plus rien à se mettre sous la dent.
Après des siècles de guerres et de violence, nous avions fini par conquérir la totalité de notre monde. L'anarchie régnait désormais sur les clans qui n'avaient plus ni ennemis à combattre ni territoires à conquérir.
Le moindre désaccord entre deux clans se réglait par de violentes batailles pour se terminer dans un bain de sang. Les chefs qui se risquaient à prendre les choses en main ne tardaient guère à se faire occire par une escouade d'orcs.
Je sus que le moment était venu pour moi de revendiquer le pouvoir que j'avais si longtemps négligé. Je m'empressais de rassembler les rares Sorciers qui avaient fait preuve d'une once de passion et montré qu'ils possédaient l'ambition de s'élever au-dessus des querelles mesquines des clans déchirés. Je transmis à ces seuls Sorciers la connaissance des morts et leur inculquais les secrets rituels de communion avec les esprits de l'Enfer sinueux. Certains d'entre eux, incapables de maîtriser pareils pouvoirs, ne purent y survivre. Ensuite un pacte fut conclu entre les membres de notre cercle et les esprits des ténèbres que nous avions appris à invoquer. Il fut décidé que mon rôle consisterait à manipuler les volontés, alors que les autres Sorciers seraient protégés contre les caprices des masses assoiffées de sang.
Ainsi naquit le Conseil des ombres.
